Sol acide ou calcaire, comment connaitre facilement le pH, sa nature ?

Sol acide ou calcaire, comment connaitre facilement le pH, sa nature ?
Quelle méthode simple et rapide pour savoir si ma terre de jardin est alcaline, acide ou neutre ? Quels tests ou analyses  ? Synthèse de constats faciles à vérifier.

Au potager, au verger ou dans les massifs, pour éviter des erreurs de culture et des échecs coûteux avec certaines plantes, mieux vaut connaître le pH de la terre de votre jardin. En effet, si beaucoup de plantes savent se satisfaire d’une grande diversité de sols, beaucoup ont des préférences notables qui les rendront vraiment belles ou non, longévives ou non. D’autres peuvent même tout simplement dépérir et mourir si le pH du sol n’est pas le bon.

Il y a en effet :

  • des plantes calcaricoles (ou calcicoles strictes) qui ne vivent jamais ailleurs que sur des sols calcaires, très rares dans les plantes de jardin.
  • des plantes calcicoles (ou basidophiles), qui acceptent parfaitement le calcaire (tout en supportant des sols neutres ou un peu acides), comme la valériane, l’arbre de Judée, la clématite, la coronille, l’asphodèle, le cotinus (arbre à perruque), le pin d’Alep…
  • des plantes calcifuges qui « fuient » le calcaire et qui sont donc presque toujours des plantes acidophiles (ou acidicoles) qui préfèrent les sols acides, comme les bruyères, rhododendrons et azalées, le châtaignier, le chêne-liège et le pin maritime, la glycine…
  • des plantes neutrophiles qui donnent le meilleur d’elles-mêmes en sol neutre ou légèrement acide (beaucoup d’arbres et autres plantes de nos forêts tempérées) sans être exclusives de ces sols neutres.

BON à SAVOIR… les ERREURS d’APPRÉCIATION : La grande difficulté et les confusions sont souvent dues au fait que des milieux en apparence calcaire, comme les garrigues ou les causses, citées dans nombre de forums comme caractéristiques des milieux calcaires (donc censés être occupés par des plantes calcicoles) présentent, par places ou tâches, des argiles dites de « décalcification » (le terme scientifiquement juste est décarbonatation). Ses poches de terre sont des formations résiduelles argileuses résultant de la décarbonatation totale de roches calcaires (sur de très longues périodes), avec présence partielle de fer et de silicates. Du coup, sur ce sol, des plantes parfaitement calcifuges peuvent se développer ! Seuls les spécialistes et pédologues connaissent bien ces phénomènes et peuvent facilement démontrer que le châtaignier qui pousse au milieu de la garrigue n’est pas du tout une exception et qu’il pousse là parce que le sol n’est pas à pH calcaire !

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Le pH… c’est quoi ? pH signifie « potentiel en ions hydrogène »

Même si le pH influe sur la solubilité des cations et anions, et donc à la fertilité des sols, inutile de rentrer dans le détail scientifique ici, car cela ferait entrer dans des explications fastidieuses pour qui souhaite simplement en voir les aspects pratiques.

Ce pH s’exprime sur une échelle qui va de « 0 à 14 » et dont la valeur « 7 » exprime la neutralité (échelle représentée dans l’image de tête).

Inutile aussi de s’attarder sur la manière dont le pH est exprimé, car là encore l’explication est complexe, le pH étant le logarithme négatif de la concentration d’hydrogène (un sol avec un pH de 3 est 10 fois plus acide qu’un sol ayant un pH de 4, et 100 fois plus que le sol avec un pH de 5, etc.).

Dans la nature, les sols vont de très acides (pH 4,5 ou 5) à très basiques (pH 9 à 9,5), mais jamais au-dessous ni au-dessus (contrairement à l’eau et à d’autres matières).

Dans les jardins les sols se classent presque toujours dans des fourchettes encore plus étroites (pH 6 à 7,5… éventuellement jusqu’à 8).

Une gamme de pH entre 6 et 7 donne le plus de disponibilité des éléments nutritifs. Au-dessus ou en dessous, les éléments nutritifs diminuent régulièrement jusqu’à ce qu’ils ne soient pas disponibles : par exemple, le fer devient indisponible pour de nombreuses plantes sur un niveau de pH de 8,5 et la croissance des racines, donc des plantes, en est totalement affectée.

La présence de matière organique influe sur l’acidification ou non d’un sol

Les terres très humifères sont acides. Les terres franches ou argileuses peuvent être neutres, légèrement acides ou légèrement alcalines suivant la proportion de chaux qu’elles contiennent.

La matière organique qui se décompose à la surface des sols (feuilles mortes, débris végétaux) produit classiquement des humus avec des acides humiques. En terrain calcaire, ces acides « attaquent » les calcaires et finissent, au fil du temps, par amoindrir l’alcalinité du sol, sa basicité ; donc le pH se rapproche peu à peu de la neutralité. En terrain schisteux ou granitique, capables de donner des sols acides, certaines plantes fournissent des humus très acidifiants (hêtre, certains résineux comme l’épicéa…) qui finissent par rendre les sols moins fertiles ! Ces deux exemples permettent de mesurer à la fois l’importance du rôle de la matière organique, de l’humus, du compost) dans la terre de jardin et la fragilité des sols.

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Considérant qu’il vaut mieux apprendre à jardiner avec la nature que contre elle (en cherchant à tout prix à en modifier les caractéristiques par des matières et méthodes inappropriées), nous déconseillons les produits anti-chlorose proposés dans le commerce, produits chers et rarement efficaces (en tout cas beaucoup trop ponctuellement, donc à renouveler sans cesse), plus proches du business commercial que du jardinage vrai ! Dans les situations trop « calcaires », à pH trop basique, mieux vaudra travailler la terre en l’amendant avec des fumiers bien décomposés ou du compost, solution écologiquement pertinente.

Les méthodes les plus simples pour reconnaitre le pH de votre sol

Observez votre sol (toujours en plusieurs endroits) en faisant des trous de 40 cm minimum — Soyez attentif à la rapidité de dessèchement de votre sol, au fait qu’il se craquèle ou non — Regardez aussi ce qu’il se passe chez vos voisins, quelles plantes y poussent — Profitez autant que possible de ce que la nature vous permet de voir à proximité de chez vous — Si vous n’avez que très peu d’indices, achetez-vous un petit rouleau de papier pH, ou des bandelettes de papier pH, très faciles d’usage et vraiment peu coûteux (le site lelaborantin.fr, plutôt fiable, en vend à prix modique : moins de 3 € les 5 m de papier pH test et Réactif, prix 2016). Ce test simple (que vous ferez avec des gants pour éviter que votre propre peau ne transmette son acidité au papier !) et qui ne nécessite pas de connaissances particulières confirmera vos observations si vous suivez bien les quelques instructions fournies avec (ou qui se trouve très facilement sur internet) pour le réussir.

Voici une synthèse d’éléments qui vous indiquent la nature de votre sol. C’est bien l’ensemble des éléments qu’il faut prendre en compte (en tout cas plusieurs critères dont nécessairement les tests à chaque fois) pour chaque cas, et non pas un ou quelques éléments :

  • sol basique, à pH supérieur à 7 :

votre terre est blanchâtre, plus ou moins crayeuse, plutôt légère par temps sec, pâteuse par temps humide. S’il y a des pierres, elles sont également blanches ou blanchâtres. Le sol se dessèche assez vite. La végétation naturelle est plutôt constituée d’herbes peu hautes, peu denses, comme des fétuques bleues. S’il y a des plantes ligneuses, ce sont par exemple des buis, des églantiers, des cotinus, amélanchiers, arbres de Judée, clématites, érables champêtres. Il n’y a aucun châtaignier ni pin maritime, fougères aigles, callunes. Chez vos voisins, vous ne retrouvez jamais de camellias, bruyères, rhododendron, azalées, mais plutôt des hellébores, campanules, Échinops [chardon bleu], achillées, hélianthèmes, benoîtes, centaurées, delphiniums, artémises, héléniums… Si vous versez quelques gouttes d’acide sur de la terre [ou même un peu de vinaigre], il y a une émulsion instantanément, avec formation d’écume blanche. Au test, le papier pH prend une couleur bleue. Photo ci-dessous.

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  • sol acide, à pH inférieur à 7 :

votre terre est plutôt brune, marron, rouge, noirâtre ; les cailloux ne sont pas blancs ou blanchâtres, la terre ne se dessèche pas rapidement après la pluie. La végétation naturelle est plutôt fournie, plutôt riche, avec une présence de fougère aigle, de bruyères sauvages ou de callune, de pin maritime. Chez vos voisins, vous retrouvez des érables du Japon, des azalées et des rhododendrons, des hortensias bleus, des camellias et des bruyères, des magnolias, des pieris. Si vous versez quelques gouttes d’acide sur de la terre (ou même un peu de vinaigre), il ne se passe rien du tout, aucune écume. Au test, le papier pH prend une couleur vert anis ou mieux encore, jaune ou jaune orangé.

  • sol neutre, à pH égal à 7 :

votre terre apparaît comme une terre de jardin ocre à brune, ou de couleur un peu rougeâtre. Après une pluie, le sol ne se déshydrate que lentement (sauf s’il est constitué d’une forte teneur en sables et cailloux !). La végétation n’étant pas vraiment un indice fiable dans ce cas (sauf si vous n’observez que des plantes de terrains acides ou que des plantes de terrain calcaire), il faut s’intéresser aux tests. Si vous versez quelques gouttes d’acide sur de la terre (ou même un peu de vinaigre), il n’y a pas ou presque pas de réaction, tout au plus quelques petites bulles d’écume, fugitives. Au test, le papier pH prend une couleur verte bien affirmée.

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