L’art des tapis, kilims ou yastiks
On trouve des tapis dans chaque partie du monde: en Turquie bien évidemment, au Turkménistan (les boukhara notamment, d’un beau rouge sombre), en Iran, en Inde, en Chine, au Tibet, dans le Caucase, en Europe mais aussi en Amérique du Nord (les tapis indiens sont appréciés par de nombreux amateurs).
Quelque soit la qualité du tissage, des nœuds, de la matière, du motif, ces tapis enrichissent toujours les foyers qui les accueillent. Ils peuvent donner lieu à de superbes collections, leur art ayant traversé les âges, les pays, influencé par de séculaires coutumes, des héritages culturels passionnants, venus des tentes des nomades aux petits villages des montagnes turques.
Les secrets de fabrication
Chaque tapis recèle de véritables trésors. Des secrets qui se dévoilent au fur et à mesure de l’étude des nœuds, du tissage, de la finition, des motifs. On suit petit à petit l’évolution de l’ouvrage réalisé par ces mains qui sont à l’origine de tout.
Et plus petites sont les mains, plus minutieux est le travail, d’où une main-d’œuvre jeune et principalement féminine. Le nombre de nœuds au centimètre carré montre la qualité : 10, 12, 14… Plus le nombre de nœuds au centimètre carré est élevé, plus le tapis est fin et délicat. Sa valeur est donc élevée.
Des années entières sont parfois consacrées à leur réalisation. Chaque pays, chaque village a sa technique, sa signature, qui fait de ses tapis d’authentiques chefs-d’œuvre.
Tapis, kilims, yastiks et matériaux
Laine, coton, poils de chèvre ou de chameau, soie, fils d’argent ou d’or sont utilisés depuis des siècles pour composer les motifs les plus divers des kilims, soumak, verneh, plus simples, milas, boukhara, héréké, etc.
Plusieurs teintures sont utilisées pour égayer le matériau de base. Elles sont souvent obtenues à partir de produits naturels, tels la coquille de noix pour le marron, les pelures d’oignon pour le jaune, l’indigo aussi, etc. Les teintures dites traditionnelles sont les plus résistantes au temps qui passe et sont gage de qualité. Les teintures chimiques perdent de leur chatoiement plus rapidement.
Alors que le tapis est noué, le kilim lui est tissé. Le yastik quant à lui est une autre façon d’apprécier le tapis; réalisé à partir de chutes de vieux ouvrages, il consiste en une ou deux housses de coussins de forme carrée ou rectangulaire.
Toute une gamme de créations est donc à la disposition des amateurs, des tapis muraux très sophistiqués à ceux de salon aux dimensions importantes, aux tapis dits de villages, style yöruk ou milas, jusqu’aux délicats tapis de soie, etc.
Sachez également qu’un tapis n’est jamais commencé au bord de l’ouvrage, mais à une dizaine de centimètres environ. L’artisan revient en arrière plus tard pour terminer ce côté. Il est parfois amusant, lors de l’achat d’un tapis, de chercher le début du travail. Un jeu qui est loin d’être aussi facile qu’on le pense.
Les usages du tapis
La passion demeure le long de la trame du tapis, des couleurs vives, douces et nuancées. Les arbres de vie côtoient des fontaines. Un tapis peut avoir mille et un usages, qu’il voyage à dos de chameau, dorme sous les lourdes tentes des nomades, trouve un repos mérité dans votre foyer. Souvent utilisé dans les villages reculés comme ameublement et objet de dot, il peut servir de lit, de couverture et de linceul… Les tapis peuvent orner salons, murs, terrasses, canapés et ne laissent jamais indifférents.
Motifs et généalogie
Décors paradisiaques, animaux, oiseaux, fleurs, arbres de vie, motifs géométriques, tout est là pour donner vie à un tapis. Mais il ne faut cependant pas oublier que ces motifs, quels qu’ils soient, racontent une histoire.
Du palais de Ninive au palais de Topkapi (Marco Polo n’a-t-il pas vanté au XIIIe siècle les tapis d’Anatolie?), en passant par la lointaine Bagdag ou la Chine, de nombreuses évocations du temps passé ornent ces textiles. Tapis persans, turkmènes, boukharas, turcs, indiens, chinois, tibétains, caucasiens… les frontières sont ouvertes.
Le tapis de Pazyryk, découvert dans un tumulus du mont Altaï, est considéré «un des premiers témoins primitifs» du genre, les artisans proto-arméniens qui le confectionnèrent choisirent des rosettes, une caravane de chevaux, des daims… Quant au plus ancien soumak «trouvé sur la colline de Gordion», en Turquie, il remonterait au VIIIe siècle av. J.-C., c’est un autre témoignage fort de l’évolution des motifs. On a aussi retrouvé les traces de kilims, il y a plus de 9 000 ans en Cappadoce.
Les motifs récurrents présents sur les tapis sont les croix (symbole du soleil, de la lumière, de la vie ou encore de la vérité), mais aussi les formes géométriques, les médaillons, les fleurs (la rose revient très souvent, symbole de la féminité et de la fécondité), les arbres de vie, les animaux (chevaux, oiseaux, voire même dragons – en Chine ou au Tibet), et la svastika.
Astuces
Fait main ou pas ? Voilà la question que tout néophyte a le droit de se poser lors de l’achat d’un tapis. Un test imparable est de retourner un coin du tapis sur lui-même. S’il reste ainsi, le tapis est garanti fait main. S’il revient à sa position initiale, il sort d’une machine.
La qualité? Il faut tout d’abord veiller à ce que le tapis ne soit pas «tordu». Son aspect droit et rectiligne est l’assurance de son maintien au fil des années et de qualité de travail. On peut ajouter à cela la vérification de la solidité du travail: on plie un morceau du tapis et on n’hésite pas à pincer et tirer quelques poils. La laine ou la soie doit rester fermement attachée à la trame. Sinon, attention!
Les nœuds: plus les nœuds sont serrés, plus l’ouvrage est de qualité. Certains tapis de soie ont plus de 14, voire 16 nœuds/cm4. Les prix sont alors à la hauteur de la valeur. En savoir plus sur la collection de mobilier Vincent Sheppard