Deux belles plantes qui durent : le chardon et la lunaire
« Monnaie du pape », « médaille », « satin blanc » : la lunaire est moins connue que le chardon. Précieuse et fragile, elle se conserve longtemps.
Triste et paradoxal zénith que sont les mois de juillet et d’août, où s’épanouissent les dernières couleurs mais où les fruits prennent le dessus sur les fleurs. Septembre venu, pour la plupart des plantes tout est parti, et l’on ne saurait conserver sans mélancolie.
Mais pas d’inquiétude : la nature elle-même offre ses solutions.
Garder l’éphémère
L’alternative peut paraître désuète mais a ses charmes profonds. Il s’agit tout simplement de trouver des plantes qui, naturellement, se prêtent à la conservation. Ce sont celles que vous garderez l’hiver telles que vous les avez trouvées à la fin de l’été. Elles sont déjà comme sèches lorsque vous les coupez. On les dirait prévues pour l’ornementation, et contre notre chagrin d’automne.
L’une des plus connues est sans doute le chardon, qui a notamment inspiré une sorte de chocolat (fourré au praliné et enrobé de crème au beurre). Avec ses belles boules bleu tendre, il semble idéalement éternel. Mais il fait payer sa beauté : ses épines sont encore plus agressives que celles de la rose, et se distribuent jusqu’aux feuilles piquantes. Il pousse à sa guise, dans certains champs.
Un bouquet de chips nacrées
La lunaire est plus douce, et plus pâle. Au printemps, la plante est d’un vert tendre, avec des fleurs violettes. L’été l’assèche et lui fait perdre ses couleurs, mais laisse de subtils fruits blancs nacrés. Ces fruits sont étranges, très fins (plats), larges comme de grosses pièces de monnaie. D’où le surnom, le plus connu, de « monnaie du pape ».
Une fine pellicule brillante, reliée à la tige, est doublée sur chacune de ses faces. Ces deux disques portent des graines et, en séchant, se détachent de la mince couche centrale. Ce processus permet à la plante de se reproduire. Reste donc cette couche entre deux, d’aspect joliment satiné. Une fois cueillie, cette plante et ses fruits demeurent intacts pendant des années.
Une plante discrète et tactile
A la fin de l’été, lorsque soufflent de grandes bourrasques, on voit s’envoler les épaisseurs « à graines ». Le vent fait son œuvre. Mais on peut aussi, du bout des doigts, frictionner les fruits pour hâter le phénomène. Sous les couches rugueuses, la douceur délicate ! Le geste, amusant, devient même un tic : on coupe des branches où reste un maximum de graines, pour le plaisir de les ôter.
Belles désintéressées n’exigeant pas d’eau, le chardon et la lunaire captivent l’attention dès qu’elles sont en bouquet. Filles faciles, et filles splendides.